Ces 12, 13 et 14 septembre 2018, l'équipe de Trans Agro Forest s'est rendue en Normandie pour rencontrer les experts de l'AREAS (Association de recherche sur le Ruissellement, l'Erosion et l'Aménagement du Sol). Avec plus de 20 années de recherches et d'expérimentations sur le terrain, l'association fait office de référence en matière de lutte contre l'érosion. Rencontre.
Regards croisés entre spécialistes de l'érosion et de l'agroforesterie.
Fascine : la seule réponse immédiate.
C'est un constat généralisé : pour résoudre de graves problèmes d'érosion, il faut une réponse efficace dès sa mise en place. Or, la fascine est le seul dispositif capable de s'acquitter de cette tâche. Cependant, sa mise en place est coûteuse et son entretien est lourd du fait de sa dégradation rapide. Il est donc préférable d'envisager la fascine comme une première étape qui permet d'amorcer la lutte contre l'érosion avant d'être remplacée par une solution à plus long terme. Selon l'AREAS, la combinaison de la fascine avec une haie vive est une excellente option, lorsqu'elle est applicable sur le terrain bien entendu.
Par ailleurs, il est intéressant de noter que la haie antiérosive ne doit pas obligatoirement être longue. Il est possible de ne l'implanter que sur des portions réduites, en "coupant" des chemins empruntés par l'eau lors de ruissellement. Dans une telle situation, les frais d'entretien sont fortement réduits mais on perd les autres avantages bénéfiques de la haie tels que l'effet brise-vent.
Le rôle de la haie vive vis-à-vis de l'érosion
Une haie n'est pas une autre. En fonction de sa composition, des essences qui la composent, de sa densité ou encore de son orientation vis-à-vis de la pente, une haie n'aura pas le même effet en matière de protection antiérosive.
La haie peut d'abord jouer un rôle physique en freinant l'écoulement de l'eau boueuse et en favorisant la sédimentation des particules de terre en mouvement. Pour cela, la haie doit comporter la plus grande densité de pieds par mètre linéaire possible. Des tiges petites et nombreuses sont donc à favoriser pour obtenir cet effet. Les boutures de saules implantées à très forte densité et sur plusieurs rangs consécutifs permettent d'obtenir facilement cet effet. Notez que le rôle de frein physique de la haie est grandement amélioré si elle est précédée et/ou succédée par une bande enherbée.
Ensuite, la haie favorise l'infiltration de l'eau dans le sol. Les racines des arbres et arbustes sont par exemple autant de "voies" que l'eau de pluie peut suivre pour descendre dans le sol. D'autre part, le pied de la haie constitue un écosystème particulier comparativement au champs qui l'entoure. La protection offerte par les ligneux combinée avec l'apport important de matière organique provoque une véritable explosion de la vie du sol, ce qui en augmente drastiquement la porosité. L'eau y pénètre donc bien plus facilement et rapidement que dans un sol agricole classique.
Des pratiques agricoles adaptées
Il est un point sur lequel nous devons insister : les pratiques agricoles sont une source d'érosion non négligeable. Chercher à endiguer les problèmes d'érosion sans réfléchir à ces pratiques n'est pas une voie viable à long terme. Par exemple, l'usage de couverts végétaux permanents est une des clés de voûte de la lutte contre l'érosion. A ne jamais perdre de vue lors de l'implantation d'un modèle agroforestier antiérosif !
D'autres articles viendront compléter prochainement cette entrée en matière issue des riches informations échangées avec les experts de l'AREAS. Merci à eux !